Mes ancêtres les plus récents sont originaire de France, de Suisse, d’Italie et d’Europe de l’Est (Juifs ashkénazes). Les plus anciens sont certainement des poissons, voire, comme il me l’a été montré en rêve, des esturgeons qui ont la capacité de voyager entre les eaux douces et salées. 

Je suis née et j’ai grandi à Paris. Je n’aimais pas la ville mais j’ai aimé grandir dans la diversité des corps et des cultures qui habitent une grande métropole. Etre entourée par toutes ces langues, ces nourritures, ces musiques m’a profondément réjouie, tout en étant très peu consciente de mes privilèges.

J’ai eu accès très jeune à une culture qui m’a éveillée et construite. Je remercie les spectacles de théâtre, de danse, de musique, les expositions et les films, toutes ces formes vivantes qui m’ont nourri et parfois émerveillée. Et je remercie ma grand-mère qui m’a ouverte grande les portes de la lecture et des mondes qui habitent les livres.
 

Je suis ensuite partie vivre de l’autre côté de l’océan, à Brooklyn, sur la côte Est des Etats-Unis où j’ai vécu pendant 21 ans. Là-bas je fonde une famille et je tombe amoureuse d’un morceau de terre, dans une forêt du Connecticut, où je passe tous mes week-ends. Je me reconnecte aux saisons, aux cycles de la lune, à la terre. Aux salamandres, aux arbres, aux ours et au chant des grenouilles.

J’apprends à vivre en réciprocité avec ce lieu, à écouter, à me laisser porter par la terre, à offrir et à recevoir, à me laisser traverser par des chants. Je suis reconnaissante à ce lieu et aux ancêtres de ce lieu de m’avoir accueillie avec tant de générosité, ainsi qu’à la beauté déployée et renouvelée de cette terre qui me manque.

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C’est sur cette terre que s’est inscrit et déployé pour moi un nouveau rapport au monde, influencé par la pensée des amérindiennes Pat McCabe et Robin Wall Kimmerer, ainsi que par l’enseignement de Daniel Foor qui a ancré mes pratiques dans une vision animiste et relationnelle du monde. C’est aussi là-bas que j’ai été formée aux différentes pratiques que je rapporte aujourd’hui pour les transmettre en France: le Travail qui relit (Joanna Macy), la Guérison de lignées ancestrales (Daniel Foor), et les rituels de deuil (Francis Weller).
 

Depuis plus d’une vingtaine d’années, je dessine aussi des tissus dont je connais intimement le processus de fabrication. J’aime raccommoder, coudre, tricoter, couper, repriser, tisser, dessiner, colorier. Les liens que je propose de retisser s’ancrent dans cette pratique du tissage, des motifs, des couleurs et dans l’intelligence de ces savoir-faire et des matériaux qui les composent. La laine, le lin, la soie, le coton, nous enseignent des formes de manipulation, d’écoute, d’attention, qui leur sont spécifiques.

Je dois énormément à ces savoir-faire ancestraux et aux mémoires qui habitent mes mains. C’est sur eux que je m’appuie pour déployer les nouvelles pratiques que j’offre aujourd’hui autour de la reconnexion et du lien. En retissant ces liens, je souhaite contribuer à défaire les structures d’oppression et d’isolement dans lesquelles nous sommes nés.
 

Il m’importe aussi de réinvestir des savoirs et des pratiques qui ont été dévalorisés par la culture moderne et qui habitent le corps, tel que l’intuition, la danse, le chant, les savoir-faire artisanaux, et bien d’autres. Me rendre disponible et me laisser guider par ces différentes formes d’intelligence est essentiel pour moi. Je suis reconnaissante à mon apprentissage en Danse Médecine qui m’a donné une nouvelle cartographie pour me réorienter dans le monde de manière plus vaste, relationnelle, et incarnée.
 

Chanter les merveilles du monde et faire de la place pour notre chagrin collectif me semble vital en ces temps troublés. J’aime danser, jouer, utiliser mes mains, créer des rituels, passer du temps avec l’eau, les arbres, la terre, le ciel, célébrer la beauté qui nous entoure, chanter, et ne rien faire; si possible, en harmonie avec le cycle de la lune et des saisons. J’ai aussi le vif désir de passer d’une posture individualiste à un engagement dans le collectif, pour inventer ensemble d’autres façons d’être au monde.

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